Pour la première fois organisé en 1916 sous le nom de 15e régiment d’infanterie de la garde nationale de New York et composé de soldats enrôlés noirs avec des officiers noirs et blancs, l’U.Le 369e régiment d’infanterie de l’armée américaine, connu sous le nom de « Harlem Hellfighters », est l’unité afro-américaine la plus connue de la Première Guerre mondiale. Fédéralisé en 1917, il se prépare à servir en Europe et arrive à Brest, en France, en décembre. Le mois suivant, le régiment a fait partie de la 93e division (provisoire) et a poursuivi son entraînement, désormais sous la direction d’instructeurs français. En mars, le régiment reçoit enfin sa désignation fédérale et est réorganisé et rééquipé selon le modèle français. Cet été-là, le 369e est intégré à la 161e division française et commence les opérations de combat.
Surnommés « hommes de bronze », les soldats de la 369e ont eu de la chance à bien des égards par rapport aux autres unités militaires afro-américaines en France en 1918. Ils bénéficiaient d’une continuité de commandement, commandés tout au long de la guerre par l’un de leurs organisateurs et promoteurs initiaux, le colonel William Hayward. Contrairement à de nombreux officiers blancs servant dans les régiments noirs, le colonel Hayward respectait ses troupes, se consacrait à leur bien-être et faisait jouer ses relations politiques pour obtenir le soutien des New-Yorkais. Alors que la valeur des Afro-Américains n’était généralement pas reconnue, bien plus d’une centaine de membres du régiment ont reçu des médailles américaines et/ou françaises, y compris les deux premiers Américains – le caporal Henry Johnson et le soldat Needham Roberts – à recevoir la très convoitée Croix de Guerre française.
Pendant plus de six mois de combat, peut-être le plus long de toutes les unités américaines de la guerre, le 369e a subi environ quinze cents pertes mais n’a reçu que neuf cents remplacements. Les historiques de l’unité affirment qu’ils ont été la première unité à traverser le Rhin pour entrer en Allemagne ; ils ont obtenu de bons résultats à Château-Thierry et au bois Belleau, ce qui leur a valu l’épithète de « Hell Fighters » de la part de leurs ennemis. Néanmoins, le mauvais système de remplacement associé à l’absence de répit sur le front a fait des ravages, laissant l’unité épuisée avant l’armistice en novembre. Bien que le 369e puisse se targuer d’un excellent bilan de combat et d’une Croix de Guerre régimentaire, l’unité était en proie à de graves problèmes de discipline résultant de pertes disproportionnées parmi les membres les plus anciens de l’unité et de l’incapacité à assimiler les nouveaux soldats. Après des efforts considérables de la part du colonel Hayward, le 369e est accueilli chez lui par une parade en février 1919 et réabsorbé dans la Garde nationale.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la formation a été organisée sous le nom de 369e régiment d’artillerie antiaérienne (sans rapport avec le 369e régiment d’infanterie, lui aussi entièrement noir, de la 93e division d’infanterie), et a servi à Hawaï et en divers endroits de la côte ouest. L’unité survit aujourd’hui en tant que 369e bataillon de soutien de la Garde nationale de l’armée de New York.