Avec une croûte supérieure comme un ananas, une carrure comme une balle de polo, et un intérieur doux, souple, semblable à un bao, les brioches à l’ananas, ou bo lo baos (菠蘿包) portent un nom déroutant, bien que peut-être approprié. Pour beaucoup, il appartient aux échelons supérieurs du monde de la pâtisserie asiatique. Mais pour moi, aussi embarrassant que cela puisse être de l’admettre, je n’ai jamais été grand sur eux.
Les gens s’extasient sur son arôme de beurre lors de la cuisson, cette douce odeur qui s’échappe des boulangeries et des cha chaan tengs comme Kam Wah et Tsui Wah à Hong Kong. Mais si je voulais un arôme de beurre, une brioche le porterait à des sommets vertigineux. D’autres aiment la douceur de l’intérieur du bo lo bao, sa texture souple de pain qui se déchire à la moindre bouchée . Si je voulais cela, un petit pain au lait japonais classique serait, pour moi, le summum de la souplesse coussinée. Et la pièce de résistance d’un bo lo bao – son dessus croustillant et fripé – est ce qui, pour beaucoup, constitue le facteur le plus attrayant d’un bo lo bao. Mais si je voulais une belle croûte brunie et croustillante, j’opterais pour un croissant, un biscuit, un kouign amann peut-être, ou peut-être même grignoter le dessus croustillant d’un pain aux bananes bien cuit.
Je sais que je passe pour un haineux. Mais le fait est que je n’ai jamais compris l’engouement pour les bo lo baos.
Mais alors, j’ai fait le mien.
En pétrissant et en cuisant cette pâtisserie classique de Hong Kong, j’ai trouvé une meilleure appréciation de celle-ci. On pourrait dire que c’est un réveil, une illumination. C’est drôle de voir comment faire de la nourriture de ses propres mains peut vous faire changer d’avis sur des plats auxquels vous n’aviez jamais pensé. Et après les avoir confectionnés, et partagés avec des proches, ce sont précisément ces choses que j’ai mentionnées ci-dessus, ces aspects du bo lo bao auxquels je n’avais jamais beaucoup pensé, tous combinés, qui me font aimer ces brioches.
Sûr, les brioches pourraient dégager une odeur plus beurrée, mais les bo lo baos ont une odeur plus subtile, plus douce, comme un mélange de beurre, de lait et de la fraîcheur d’un bébé sortant du bain (ça a l’air hella creepy mais je vous promets que je ne le suis pas). Et oui, le pain au lait japonais pourrait donner un intérieur plus doux et plus souple, mais pourquoi couper les cheveux en quatre quand on peut incorporer cela dans les bo lo baos. (Et c’est ce que j’ai fait dans la recette ci-dessous, heh.) Et enfin, cette croûte friable. J’admets que les croissants, les kouign amanns et les babkas peuvent avoir des crêtes et des vallées qui les rendent extra croustillants après la cuisson, mais la mie d’un bo lo bao est différente. Elle s’émiette comme un biscuit, a un goût de beurre et de réconfort,
En plus de tout cela, le bo lo baos constitue un excellent récipient pour n’importe quelle garniture. Qu’il s’agisse d’une grande plaque de beurre, d’un morceau de spam, de jambon ou d’œufs brouillés (comme le font les Hongkongais), il suffit de couper le petit pain en deux pour qu’il puisse accueillir n’importe quoi. Même une boule de crème glacée ou une galette de hamburger complète avec les œuvres, ne sera pas hors de propos.
Pour célébrer mon nouvel amour pour cette pâtisserie asiatique, voici un petit poème qui lui est dédié (si on peut l’appeler ainsi):
Bo Lo Bao
C’est croustillant, c’est coussiné,
c’est une petite pâtisserie polyvalente.
C’est trompeur, son pseudonyme,
Car il n’y a pas d’ananas dedans.
Mais ce pain, est rad,
et probablement aimé par la triade.
(Ne me tuez pas.)