Ok, vous avez donc une idée de jeu qui tue mais vous ne savez pas par où commencer. Ou peut-être avez-vous une vague idée, mais le volume de choses à prendre en compte fait qu’aller au-delà de votre idée initiale semble écrasant et vous empêche de passer les premières étapes de la création de quelque chose d’incroyable. Pour vous aider à franchir le premier obstacle, nous avons demandé aux développeurs des meilleurs jeux indépendants de nous donner des conseils pratiques sur la façon de se lancer. N’y allons pas par quatre chemins : il n’y a pas de raccourci vers le succès – ni même de garantie que votre jeu sera terminé – mais ce qui est ressorti par-dessus tout, c’est qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour transformer vos idées en réalité. Cet article n’est que le début d’un long voyage qui pourrait changer votre vie si vous êtes prêt à travailler dur (comme, vraiment, vraiment, dur) et à laisser vos idées préconçues derrière vous.

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« Vous devez savoir à quel point vous ne savez pas », explique Chad Moldenhauer, directeur artistique de Cuphead. « Vous ne savez pas combien les choses vont vraiment coûter, vous ne savez pas combien de temps les choses vont vraiment prendre pour se développer. Vous ne savez pas vraiment à quel point l’art, la programmation et le design sont liés, et comment les limitations de temps et d’argent sur l’un d’entre eux vont entraîner des compromis sur les deux autres. Une fois que vous savez que vous ne savez pas ces choses, vous vous rendrez compte que vos plans d’envergure et d’échelle de temps sont faux et vous serez plus réaliste avec ce que vous pouvez faire. »

Vous devez également le faire pour les bonnes raisons. Si vous pensez le faire pour l’argent, vous allez être énormément déçu. « Faire des jeux indé n’est pas lucratif pour tout le monde, et c’est un peu plus stressant que beaucoup d’autres professions », explique Ben Wasser, développeur d’Ooblets. « Un emploi de bureau est un parcours professionnel généralement plus facile, plus sûr et mieux rémunéré. Personnellement, je préférerais toujours faire des jeux indépendants, mais les gens ne devraient pas avoir de fausses impressions lorsqu’ils se lancent. »

J’ai une idée… par où commencer ?

Avec cela clairement en tête, la prochaine chose que vous devez faire est de prendre votre idée et de décider du moteur de jeu que vous allez utiliser. Vous avez le choix entre de nombreux moteurs, tels que Gamemaker Studio 2, Unreal engine ou Unity, pour n’en citer que quelques-uns. Chacun d’entre eux vous permet de faire des choses différentes et tous ont des versions gratuites afin que vous puissiez jouer avec et voir lequel convient le mieux au jeu que vous essayez de faire. Unity est le plus populaire parmi les développeurs indépendants car il fonctionne bien avec les jeux en 2D et en 3D. Cependant, il vous oblige à apprendre le codage. Mais heureusement, il existe une solution pour cela aussi. « Il y a tellement de personnes extraordinaires qui prennent le temps d’enseigner gratuitement aux autres », explique Tim Soret, développeur de The Last Night. « Regardez les conférences de la GDC, les vidéos YouTube, lisez les articles de 80.lv, Gamasutra. Vous apprendrez une tonne de choses, même si vous ne l’obtenez pas à 100% avant longtemps. » Suivre des tutoriels est un excellent moyen de se faciliter la tâche et s’applique à toute autre discipline du développement de jeux.

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Une fois que vous avez votre moteur, le vrai plaisir commence. « La meilleure façon de commencer est de commencer à faire votre premier jeu simple », dit Moldenhauer. « Si vous êtes un programmeur, commencez à construire un prototype de base pour le gameplay. Si vous êtes un artiste, commencez à créer des ressources utilisables pour le jeu. Si vous êtes un concepteur, commencez à créer des plans de niveaux et des concepts de jeu spécifiques. Si vous êtes un écrivain, commencez à rédiger le scénario. Une fois que vous aurez commencé, vous verrez où sont vos lacunes en matière de connaissances et vous pourrez alors commencer à essayer de les combler. » La clé est de commencer à remplir votre jeu avec quelque chose, n’importe quoi.

« Si l’art n’est pas votre fort, vous pouvez envisager d’engager votre propre artiste »

« Il y a une tonne d’artistes incroyables que vous pouvez trouver sur Twitter, Tumblr, ArtStation et Dribbble que vous pouvez embaucher en freelance ou à temps plein », dit Wasser. « Il y a aussi beaucoup de choses sur le Unity Asset Store, qui est bon pour tester des idées. » Mais si vous vous sentez très sûr de vous, vous voudrez peut-être le faire vous-même. « Si l’art n’est pas votre fort, vous pouvez envisager d’engager votre propre artiste », explique Lu Nascimento, artiste de Chucklefish. « Mais si vous êtes intéressé par la création d’éléments de pixel art par vous-même, vous pouvez consulter des tas de tutoriels sur des forums, des articles de presse, YouTube et même Twitter. » C’est parfait si vous n’êtes pas en mesure d’engager quelqu’un pour vous aider, ce qui sera le cas de la plupart des gens lors de leurs premiers pas.

Faites attention à ne pas prendre de l’avance sur vous-même. « Évitez de développer des actifs artistiques de haute qualité avant que le cœur du jeu ne vous semble correct », dit Moldenhauer. « Faites en sorte que votre jeu se rapproche le plus possible de ce que vous voulez que le jeu final ressente avant de le rendre joli. Si vous consacrez beaucoup de temps à l’art alors que le jeu est encore en évolution, vous finirez par jeter un travail coûteux lorsque le cœur du jeu changera. Ou pire encore, vous vivrez avec un gameplay sub-standard parce que vous ne voulez pas gaspiller l’art qui a été créé pour lui. »

Les compétences techniques seules pourraient ne pas suffire

« Outre les compétences de développement technique, il y a des compétences non techniques – planification, travail d’équipe, etc. », explique Tom Coxon, programmeur chez Chucklefish. « Les jams de jeu sont un excellent moyen de les pratiquer, en particulier si elles sont basées sur l’équipe, ou imposent des contraintes thématiques ou temporelles. » Quoi que vous décidiez de faire, finissez-le. Cela semble évident, mais ce n’est pas un secret que la majorité des personnes qui commencent à créer des jeux ne les terminent pas. Il y a de fortes chances que le premier jeu que vous créerez ne soit pas bon, mais le but est d’apprendre à terminer un projet et à passer à autre chose. Vous apprendrez beaucoup sur le développement de jeux en faisant plus de jeux.

Pour vous aider, fixez vos propres échéances et essayez d’accomplir quelque chose chaque jour, aussi petit soit-il. Il est facile d’être pris dans le développement de votre jeu, mais la gestion du temps est importante et, lorsqu’elle est bien faite, elle peut améliorer la productivité et la motivation. « Nous utilisons des applications de gestion des tâches comme Trello et Notion, pour diviser la charge de travail en morceaux gérables, et garder la visibilité des tâches de chacun entre les membres de l’équipe », explique Katy Ellis, stratège marketing de Chucklefish. « C’est vraiment utile d’avoir une liste de choses à faire très visuelle, à laquelle on peut associer des actifs de travail et des documents, et super satisfaisant de glisser cette tâche dans la section Terminé à la fin de la journée. »

Ce n’est pas seulement ce que vous faites… mais aussi ce que vous ne faites pas

Les gens parlent toujours des choses que vous devriez faire, mais il y a beaucoup de choses que vous ne devriez pas faire. « Ignorer l’aspect commercial du développement de jeux est une erreur courante », explique Rosie Ball, productrice de Chucklefish. « Cela peut sembler être un tracas quand tout ce que vous voulez faire est de penser à votre incroyable idée de jeu, mais avoir quelques processus importants en place tels qu’un plan d’affaires, des contrats entre les membres de l’équipe et des rôles et responsabilités documentés au sein de l’équipe peut aider à éviter des maux de tête majeurs plus tard, surtout si le jeu devient un succès. » « Ne suivez pas les tendances et évitez les genres encombrés », déclare Soret. « Il y a des dizaines de genres qui sont presque abandonnés aujourd’hui, et des dizaines de publics affamés pour plus de contenu. Il suffit de regarder la diversité des jeux , vous verrez beaucoup de ces niches à remplir. Choisissez-en un, et portez-le vers de nouveaux sommets grâce à une physique, des visuels et une narration modernes. » « Évitez de vous taire », dit Wasser. « Partagez votre travail, parlez à votre public, soyez ouvert.

« Le plus grand défi est de gérer la charge de travail massive et de la mener à bien jusqu’au bout »

Essayez de ne pas mordre plus que vous ne pouvez mâcher. » Impliquez-vous dans autant de communautés de jeux indé que possible. De nombreuses personnes rencontrent les mêmes problèmes que vous et leur point de vue est inestimable. C’est aussi l’occasion pour vous d’aider les autres en partageant vos connaissances. Comme mentionné précédemment, ce ne sera pas une navigation sans heurts, et tout au long du développement, vous rencontrerez différents défis.

« Le plus grand défi est de faire face à la charge de travail massive et de la mener jusqu’au bout », explique Moldenhauer. « Une fois que vous avez passé la bosse initiale, c’est exaltant de construire votre jeu, d’être créatif et de résoudre les problèmes au fur et à mesure. Cette excitation et cette fierté de la création peuvent vous pousser pendant longtemps, mais le développement de jeux est tellement plus long que cela. Lorsque vous écrasez votre millième bug sur un système de sous-menu que seule une fraction de votre public, peut-être inexistant, peut voir un jour, il peut être vraiment difficile d’insister. »

Quel logiciel peut m’aider à me lancer ?

  • Unity – Moteur de jeu
    Vous pouvez choisir n’importe quel autre moteur, mais Unity est probablement le moteur le plus populaire pour les développeurs indépendants. Il vous permettra de créer des jeux en 2D et en 3D et offre un large éventail d’outils et de fonctionnalités.
  • Gimp – Programme artistique
    C’est un excellent logiciel de haute qualité qui fait un travail similaire à Adobe Photoshop et vous permettra de créer sans douleur vos propres textures, arrière-plans ou sprites 2D.
  • Blender – Modélisateur 3D
    Si vous cherchez à créer un jeu 3D ou un jeu avec des éléments 3D, alors ce logiciel, initialement sorti il y a 20 ans, vous permettra non seulement de faire des modèles 3D mais aussi de les animer.
  • MMLMS – Créateur de musique
    Ce logiciel vous permettra de créer vos propres musiques et effets sonores que vous pourrez importer dans Unity. Vous n’avez même pas besoin d’un clavier mais vous aurez besoin du matériel approprié.
  • Wwise – Programme audio
    Ce logiciel, très accessible, est utilisé dans de nombreux jeux à succès et sert à manipuler l’audio. Vous pouvez par exemple simuler des environnements audio et mixer des pistes en temps réel.

C’est fatiguant… et vous avez besoin de faire remarquer votre jeu

« Je pense que la plupart des développeurs ont du mal à se faire remarquer parmi la masse de jeux produits, » dit Soret. « Il faut trouver un angle original, proposer quelque chose de différent. L’autre aspect très difficile est que pour faire un jeu, il ne suffit pas de faire un jeu. Il faut créer une entreprise, une équipe, puis un jeu. Ces trois tâches sont énormes et interdépendantes. Vous devez vous salir les mains dans tous les aspects de la production, et vous devez devenir bon dans ce domaine. C’est beaucoup à porter sur vos épaules. C’est fatiguant et accablant, mais c’est aussi excitant dans le sens où vous ne pouvez jamais vous ennuyer, il y a toujours quelque chose de nouveau et d’intéressant sur lequel travailler. »

C’est quelque chose que vous pouvez utiliser à votre avantage pour gagner en visibilité. « N’ayez pas peur de votre histoire de développement », explique Tom Katkus, chef de produit chez Chucklefish. « L’une des meilleures choses à propos des jeux indépendants est que les joueurs apprennent à connaître ceux qui font leurs jeux. C’est formidable pour intéresser les joueurs à votre projet, mais vous pouvez utiliser cette même accessibilité pour qu’un éditeur sache qui vous êtes. »

Lisez les petits caractères lorsque vous signez des contrats

Bien sûr, avoir un éditeur est super pratique mais si vous vous rendez visible de toutes les bonnes manières, vous n’en aurez peut-être même pas besoin. Cela étant dit, si vous finissez par vous retrouver avec une opportunité d’édition, être préparé vous aidera sur le long terme. « N’abandonnez jamais votre propriété intellectuelle et assurez-vous d’avoir une porte de sortie dans le contrat au cas où le développement tournerait mal », dit Soret. « Envisagez également de rechercher des investisseurs pour prendre une participation dans votre entreprise, plutôt que de vous adresser uniquement aux éditeurs. Les éditeurs s’intéressent au projet qu’ils ont signé, tandis que les investisseurs se concentrent sur la croissance de votre studio et la durabilité à long terme. C’est un monde différent, c’est intimidant, mais cela peut en valoir la peine. »

« Avec toute relation commerciale, ce qui est spécifiquement dans le contrat est plus important que tout ce que quelqu’un dit », explique Wasser. « Beaucoup de développeurs n’apprécient pas vraiment, ne comprennent pas ou ne veulent pas être dérangés par les spécificités des contrats, car ils sont en quelque sorte antithétiques au processus de création, mais cela peut sérieusement les mordre plus tard. S’il s’agit d’un accord important, demandez à un avocat de l’examiner. De plus, tout est négociable. »

« Le programme ID@ Xbox est un excellent moyen d’y parvenir . Les développeurs qui y sont acceptés obtiendront deux kits de développement gratuits et un accès à l’architecture du système. »

Une fois que vous aurez acquis vos compétences en développement en terminant des projets, vous voudrez peut-être développer des jeux pour la Xbox One. Le programme ID@ Xbox est un excellent moyen d’y parvenir. Les développeurs qui y sont acceptés obtiendront deux kits de développement gratuits et un accès à l’architecture du système, afin que vous puissiez soutenir votre jeu avec des choses comme des réalisations.

Le monde du jeu indé est effrayant, mais tous les développeurs indé vous soutiennent. « L’une des bonnes choses à propos de l’industrie du jeu en ce moment est que les outsiders avec des ressources limitées peuvent jouer à la même table que les grands acteurs enracinés avec des millions/milliards de dollars », dit Wasser. « Il y aura toujours un désavantage pour les indies, mais c’est toujours mieux que la situation dans la plupart des industries. »

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