Commentaire

Publié : Janvier, 2008

Dans les années 1950, après une crise cardiaque, les médecins avertissaient les familles de veiller à ne pas perturber le patient en convalescence. Certaines personnes qui ont grandi à cette époque rapportent qu’on leur a dit : « Ne mets pas ton père en colère. Il pourrait avoir une autre crise cardiaque ! »

À l’époque, les cardiologues demandaient également aux patients de se reposer complètement après une crise cardiaque. Aujourd’hui, les médecins conseillent à leurs patients de faire régulièrement de l’exercice après un événement coronarien. Et vous n’entendrez plus le conseil de marcher sur la pointe des pieds autour d’une victime de crise cardiaque. Les crises de colère occasionnelles ne sont probablement pas particulièrement dangereuses. Mais il est de plus en plus évident que les stress psychologiques chroniques, tant à la maison qu’au travail, font des ravages.

Dans une étude publiée en octobre 2007 dans les Archives of Internal Medicine, des chercheurs anglais ont montré que lorsque les relations intimes sont particulièrement négatives, elles affectent pour le pire les résultats des maladies coronariennes.

Des données ont été recueillies sur plus de 9 000 fonctionnaires britanniques qui avaient participé à une vaste étude à long terme examinant comment la santé est affectée par des facteurs psychosociaux et économiques. Un questionnaire évaluait, entre autres, la qualité de leurs relations proches. Les participants ont indiqué le niveau de soutien émotionnel et pratique qu’ils recevaient et le degré de « négativité » qu’ils ressentaient dans leurs relations primaires (par exemple, le fait qu’elles étaient une cause d’inquiétude, de problèmes ou de stress). Les résultats ont été mis en corrélation avec les résultats médicaux des sujets sur une période de 12 ans.

Les personnes déclarant une négativité importante dans leur relation proche étaient environ un tiers plus susceptibles d’avoir un événement cardiaque – une crise cardiaque ou une douleur thoracique sévère – pendant la période d’étude. Les chercheurs ont examiné une longue liste de variables pertinentes et de facteurs de risque cardiaque potentiels : le tempérament des sujets, l’âge, le sexe, l’état civil, le type d’emploi, le stress professionnel, les sources de soutien et les comportements de santé tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, le régime alimentaire et l’exercice physique. La corrélation entre la négativité relationnelle et le risque cardiaque se maintenait même lorsque tous les autres facteurs de risque étaient pris en compte.

Le même mois, le Journal of the American Medical Association publiait les résultats d’une vaste étude canadienne qui examinait l’effet du retour au travail après une première crise cardiaque. Les auteurs ont utilisé une définition de plus en plus populaire du job strain qui combine deux facteurs : la demande psychologique et la latitude. La demande augmente à mesure que la quantité et la difficulté intellectuelle du travail augmentent et que le temps dont on dispose pour l’accomplir diminue. La latitude est la liberté d’utiliser la créativité et le talent pour prendre des décisions sur la manière et le moment de faire le travail. Comme on peut s’y attendre, le pire stress au travail se produit lorsque la forte demande est combinée à une faible latitude.

L’étude a révélé que plus le stress au travail est élevé, et plus il dure longtemps, plus l’augmentation du risque cardiaque est importante. Ces résultats sont restés significatifs même après que les chercheurs ont analysé l’influence de plus de deux douzaines d’autres variables.

On ne sait pas encore clairement comment le stress se traduit par une moins bonne santé cardiaque. Les experts suggèrent que le stress chronique pourrait aggraver l’inflammation dans les artères coronaires, conduisant à la formation de caillots sanguins qui déclenchent une crise cardiaque. Autre possibilité, le stress rend plus difficile le maintien d’habitudes saines qui permettent de tenir à distance les maladies cardiovasculaires.

Quelle que soit la cause, le lien entre stress et maladies cardiaques est difficile à ignorer. Et si une explosion émotionnelle occasionnelle est désagréable, le vrai problème est le goutte-à-goutte de la tension chronique dans la vie quotidienne. La recherche suggère que tout ce que les gens peuvent faire pour réduire ce type de stress non seulement améliorerait leur qualité de vie (ce qui devrait être une raison suffisante en soi), mais pourrait également prolonger leur vie.

– Michael Craig Miller, M.D.Rédacteur en chef, Harvard Mental Health Letter

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