JérusalemEdit
Les trois évangiles bibliques qui mentionnent la couronne d’épines ne disent pas ce qu’il en est advenu après la crucifixion. La plus ancienne mention connue de la couronne déjà adorée comme une relique a été faite par saint Paulinus de Nola, écrivant après 409, qui fait référence à la couronne comme une relique adorée par les fidèles (Epître Macarius dans Migne, Patrologia Latina, LXI, 407). Cassiodore (vers 570) parle de la couronne d’épines parmi d’autres reliques qui étaient « la gloire » de la ville de Jérusalem. « Là, dit-il, nous pouvons voir la couronne d’épines, qui n’a été posée sur la tête de Notre Rédempteur que pour que toutes les épines du monde soient rassemblées et brisées » (Migne, LXX, 621). Lorsque Grégoire de Tours dans De gloria martyri avoue que les épines de la couronne avaient encore un aspect vert, une fraîcheur qui se renouvelait miraculeusement chaque jour, il ne renforce pas beaucoup l’authenticité historique d’une relique qu’il n’avait pas vue, mais le Bréviaire ou courte description de Jérusalem :16) (un court texte daté d’environ 530 ap. J.-C.:iv), et l’itinéraire d’Antonin de Plaisance (VIe siècle):18 indiquent clairement que la couronne d’épines était alors présentée dans la « Basilique du Mont Sion », bien qu’il y ait une incertitude quant au site réel auquel les auteurs se réfèrent.:42 et suivants. A partir de ces fragments de preuves et d’autres de date plus tardive (le « Pèlerinage » du moine Bernard montre que la relique se trouvait encore au Mont Sion en 870), il est démontré qu’une prétendue couronne d’épines était vénérée à Jérusalem dans les premiers siècles de l’ère commune.
ConstantinopleEdit
Quelque temps après, la couronne aurait été déplacée à Constantinople, alors capitale de l’empire. L’historien François de Mély suppose que toute la couronne a été transférée de Jérusalem à Constantinople peu avant 1063. Quoi qu’il en soit, l’empereur Justinien aurait donné une épine à Saint-Germain, évêque de Paris, qui fut longtemps conservée à Saint-Germain-des-Prés, tandis que l’impératrice Irène, en 798 ou 802, envoya à Charlemagne plusieurs épines qu’il déposa à Aix-la-Chapelle. Huit d’entre elles se trouvaient, dit-on, lors de la consécration de la basilique d’Aix-la-Chapelle ; l’histoire ultérieure de plusieurs d’entre elles peut être retracée sans difficulté : quatre ont été données à Saint-Corneille de Compiègne en 877 par Charles le Chauve ; Hugues le Grand, duc des Francs, en envoya une au roi anglo-saxon Athelstan en 927, à l’occasion de certaines négociations de mariage, et elle finit par se retrouver à l’abbaye de Malmesbury ; une autre fut offerte à une princesse espagnole vers 1160 ; et une autre encore fut emportée à l’abbaye d’Andechs en Allemagne en l’an 1200.
FranceEdit
En 1238, Baldwin II, l’empereur latin de Constantinople, soucieux d’obtenir un soutien pour son empire chancelant, offre la couronne d’épines à Louis IX, roi de France. Elle était alors entre les mains des Vénitiens en garantie d’un grand emprunt de 13 134 pièces d’or, mais elle fut rachetée et transportée à Paris où Louis IX fit construire la Sainte-Chapelle, achevée en 1248, pour la recevoir. La relique y resta jusqu’à la Révolution française, où, après avoir trouvé refuge un temps à la Bibliothèque nationale, le Concordat de 1801 la restitua à l’Église, et elle fut déposée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
La relique que l’Église a reçue est un cercle torsadé de joncs de Juncus balticus, une plante originaire des régions maritimes du nord de la Grande-Bretagne, de la région baltique et de la Scandinavie ; les épines conservées dans divers autres reliquaires sont de Ziziphus spina-christi, une plante originaire d’Afrique et d’Asie du Sud et de l’Ouest, et auraient été retirées de la Couronne et conservées dans des reliquaires séparés depuis peu après leur arrivée en France. De nouveaux reliquaires ont été fournis pour la relique, l’un commandé par Napoléon Bonaparte, un autre, en cristal de roche bijoutier et plus convenablement gothique, a été réalisé selon les dessins d’Eugène Viollet-le-Duc. En 2001, lorsque les trésors subsistants de la Sainte-Chapelle ont été exposés au Louvre, le chapelet a été présenté solennellement chaque vendredi à Notre-Dame. Le Pape Jean-Paul II l’a traduit personnellement à la Sainte-Chapelle lors des Journées mondiales de la jeunesse. La relique ne peut être vue que le premier vendredi de chaque mois, où elle est exposée pour une messe de vénération spéciale, ainsi que chaque vendredi de Carême. Voir aussi Fête de la Couronne d’épines.
Des membres de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris ont sauvé la relique lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019.
L’Encyclopédie catholique indique :
Les autorités sont d’accord pour dire qu’une sorte de casque d’épines devait être tressé par les soldats romains, cette bande de joncs étant employée pour maintenir les épines ensemble. Il semble probable, d’après M. De Mély, que déjà au moment où le cercle fut apporté à Paris, les soixante ou soixante-dix épines, qui semblent avoir été ensuite distribuées par saint Louis et ses successeurs, avaient été séparées de la bande de joncs et conservées dans un autre reliquaire. Aucune de ces épines ne se trouve aujourd’hui à Paris. Quelques petits fragments de joncs sont également conservés … à Arras et à Lyon. En ce qui concerne l’origine et le caractère des épines, tant la tradition que les vestiges existants suggèrent qu’elles devaient provenir de l’arbuste botaniquement connu sous le nom de Ziziphus spina-christi, plus populairement, le jujubier. Cet arbre atteint une hauteur de quinze ou vingt pieds et on le trouve en abondance sur le bord des chemins autour de Jérusalem. Les branches tortueuses de cet arbuste sont armées d’épines qui poussent par paires, une épine droite et une épine courbée se trouvant généralement ensemble à chaque point. La relique conservée dans la Capella della Spina à Pise, ainsi que celle de Trèves, qui, bien que leur histoire ancienne soit douteuse et obscure, sont parmi les plus grandes en taille, offrent une bonne illustration de cette particularité.
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