Les alligators et les crocodiles indigènes de la Floride pourraient faire face à une nouvelle concurrence – d’un membre plus grand et plus méchant de leur propre famille de crocodiliens. Les crocodiles du Nil – les cousins plus grands et plus agressifs des crocodiles américains originaires du continent africain – ont été identifiés à l’état sauvage dans le sud de la Floride pour la première fois, selon une nouvelle étude.

Entre 2009 et 2012, des scientifiques ont répondu à des signalements de Floridiens concernant des crocodiles « à l’aspect inhabituel », indiquent les auteurs de l’étude. Les scientifiques ont attrapé trois jeunes crocodiles – dont l’un a été capturé sur le porche d’une maison de Miami – et, grâce à l’analyse génétique d’échantillons de tissus, ont confirmé qu’il s’agissait de crocodiles du Nil envahissants, les reliant aux populations de crocodiles d’Afrique du Sud.

Une femelle crocodile capturée en 2012 a été relâchée puis recapturée en 2014, fournissant aux scientifiques la preuve que l’espèce de crocodile du Nil pouvait survivre et prospérer dans les Everglades pendant près de deux ans. En fait, ils ont constaté que le crocodile a grandi environ 28 % plus vite pendant cette période que les crocodiles du Nil juvéniles qui grandissent généralement dans certaines parties de leurs aires de répartition africaines d’origine.

Les crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) mesurent environ 16 pieds (5 mètres) de long, en moyenne, mais peuvent atteindre 20 pieds (6 m) de long, ont écrit les scientifiques dans l’étude. Un crocodile du Nil adulte est un prédateur opportuniste qui mange tous les gros animaux qu’il peut attraper, comme les zèbres, les buffles, « et tout autre animal qu’il peut maîtriser, avaler tout entier ou déchirer et ingérer » – même les personnes, selon une fiche d’information sur les espèces aquatiques non indigènes publiée par l’U.S. Geological Survey (USGS).

L’USGS a ajouté que les crocodiles du Nil s’attaquant aux humains en Afrique sont « bien documentés » depuis les années 1950, et les scientifiques ont indiqué dans leur étude que les crocodiles du Nil étaient responsables de 480 attaques sur des personnes dans toute leur aire de répartition en Afrique entre 2010 et 2014, entraînant 123 décès.

L’ADN prélevé sur les crocodiles capturés ne correspondait pas aux échantillons de crocodiles du Nil détenus dans les zoos de Floride. Cependant, ils étaient génétiquement identiques les uns aux autres, ce qui laisse penser qu’ils provenaient de la même source – vraisemblablement, il s’agissait d’évadés amenés à l’origine en Floride pour le commerce des animaux de compagnie exotiques, ont suggéré les scientifiques.

Les crocodiliens indigènes de Floride – le crocodile américain (Crocodylus acutus) et l’alligator américain (Alligator mississippiensis) – sont un peu plus petits que le crocodile du Nil et ne s’attaquent généralement pas aux humains. Les mâles alligators américains atteignent 10 à 15 pieds (3 à 5 m) de long en moyenne, et les femelles adultes peuvent atteindre 10 pieds de long, selon la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC).

Les crocodiles américains mâles peuvent atteindre environ 15 pieds (5 m) de long, tandis que les femelles mesurent généralement entre 8 et 13 pieds (2 à 4 m), décrit la FWC dans une fiche d’information.

Le crocodile du Nil est peut-être le plus grand envahisseur à s’installer dans l’État du soleil, mais il a beaucoup de compagnie. Actuellement, environ 500 espèces de poissons et d’animaux sauvages non indigènes appellent la Floride chez eux, selon le FWC.

Les chercheurs n’ont trouvé aucune preuve de populations établies de crocodiles du Nil se cachant dans les eaux de la Floride. Mais ne poussez pas encore un soupir de soulagement, a déclaré le coauteur de l’étude, Kenneth Krysko, responsable des collections d’herpétologie au Florida Museum of Natural History.

Entre le commerce d’animaux de compagnie exotiques en Floride et la demande de crocodiles du Nil dans les parcs animaliers, il y a eu un flux constant de crocs africains dans la région, ont noté les chercheurs. Si l’un de ces animaux devait s’échapper, il trouverait rapidement que le climat local et l’abondance de nourriture l’aideraient à faire ce qu’il fait le mieux : chasser et grandir.

« La probabilité que les quelques personnes parmi nous qui étudient les reptiles de Floride aient trouvé tous les crocodiles du Nil qui s’y trouvent est probablement improbable », a déclaré Krysko dans un communiqué.

Les résultats ont été publiés en ligne le 30 avril dans la revue Herpetological Conservation and Biology.

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