Nom et nature de l’organisme infectant
La leishmaniose (ou « leishmaniose ») est un groupe de maladies infectieuses tropicales/subtropicales des mammifères causées par le protozoaire Leishmania. Au moins 20 espèces infectent l’homme : Leishmania donovani et L. infantum provoquent des maladies viscérales aiguës dans le monde entier, à l’exception de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie ; L. major et L. tropica provoquent la plupart des leishmanioses cutanées chroniques en Europe, en Asie et en Afrique, et les leishmanioses cutanées et mucocutanées chroniques sont causées par L. amazonensis, L. mexicana, L. braziliensis, L. guyanensis et L. peruviana dans les Amériques.
La plupart des foyers de leishmaniose viscérale mortelle se trouvent en Inde, au Bangladesh et au Népal voisins, ou au Soudan et en Éthiopie et au Kenya voisins, où le » Kala-azar » est causé par L. donovani. Dans le nord-est du Brésil et dans certaines régions d’Amérique centrale, la « leishmaniose viscérale infantile » est causée par L. infantum. Le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient adjacent sont toujours endémiques pour la leishmaniose viscérale causée par L. infantum, mais la « leishmaniose viscérale infantile » est beaucoup moins un problème de santé publique qu’elle ne l’était jusque dans les années 1950. Cela peut s’expliquer par un certain nombre de facteurs, notamment une meilleure alimentation, la lutte contre les phlébotomes et l’amélioration des logements. Cependant, l’apparition des co-infections VIH/Leishmania a illustré la menace constante que représente le fait d’avoir de nombreux porteurs asymptomatiques dans le sud de l’Europe.
Il n’y a que deux cycles de transmission endémiques en Europe : la leishmaniose humaine viscérale et cutanée causée par Leishmania infantum dans toute la région méditerranéenne, et la leishmaniose humaine cutanée causée par Leishmania tropica, qui se produit sporadiquement en Grèce et probablement dans les pays voisins. De nombreux cas de leishmaniose humaine dans l’UE sont importés, après des voyages dans des pays tropicaux.
Caractéristiques cliniques
La période d’incubation varie d’environ 10 jours à plusieurs mois. La leishmaniose humaine peut se manifester par des lésions cutanées uniques ou multiples, souvent auto-guérissables en quelques mois mais laissant des cicatrices inesthétiques. Les hôtes développent une immunité acquise par le biais de réponses cellulaires et humorales, mais l’infection peut se propager par le système lymphatique et vasculaire et produire d’autres lésions dans la peau (leishmaniose cutanée, cutanée diffuse), les muqueuses (leishmaniose mucocutanée) et envahir la rate, le foie et la moelle osseuse (leishmaniose viscérale). Les symptômes courants sont la fièvre, les malaises, la perte de poids et l’anémie, avec un gonflement de la rate, du foie et des ganglions lymphatiques dans la leishmaniose humaine viscérale.
Sans traitement, la plupart des patients atteints de la maladie viscérale mourront et ceux atteints de la maladie cutanée et mucocutanée diffuse peuvent souffrir de longues infections associées à des infections secondaires potentiellement mortelles. Un traitement doit être envisagé même pour la leishmaniose cutanée auto-cicatrisante, en raison des cicatrices défigurantes.
Transmission
3.1 Réservoir
La leishmaniose est une maladie des mammifères. Les hôtes réservoirs zoonotiques comprennent les rongeurs (L. major, L. amazonensis, L. mexicana, L. braziliensis), les marsupiaux (L. amazonensis, L. mexicana, L. braziliensis), les édentés et les singes (L. braziliensis), et les canidés (L. infantum).
Le chien domestique est le seul hôte réservoir d’importance vétérinaire majeure.
3.2 Mode de transmission
La transmission se fait généralement par piqûre de femelles hématophages de certaines espèces de phlébotomes des genres Phlebotomus (Europe, Asie et Afrique) et Lutzomyia (Amériques). La femelle phlébotome ingère des amastigotes de Leishmania lorsqu’elle prend un repas de sang et, si elle appartient à une espèce permissive, transmet les stades métacycliques infectants lors d’un repas de sang ultérieur.
L. infantum peut être transmis de la mère à l’enfant, de la chienne au chiot et par le partage de seringues.
3.3 Groupes à risque
Il n’existe pas de groupes à risque spécifiques pour les infections à leishmania.
Mesures de prévention
S’il existe un risque élevé d’émergence de la leishmaniose cutanée causée par L. tropica dans le sud de l’Europe en raison de l’abondance des vecteurs, le risque est plus faible pour la leishmaniose viscérale causée par L. donovani car les vecteurs sont absents. La prévention de l’émergence dépend d’une surveillance efficace et d’un traitement rapide de toutes les infections humaines de leishmaniose.
Pour réduire les piqûres des vecteurs péridomestiques, on peut utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticide et des insecticides à application topique. Des colliers pour chiens imprégnés de deltaméthrine sont utilisés pour contrôler l’infection des chiens réservoirs.
Diagnostic
Le diagnostic de la leishmaniose repose principalement sur les symptômes, l’identification microscopique des parasites dans des frottis de tissus ou de liquides colorés au Giemsa (provenant de lésions, de la moelle osseuse, de la rate) et la sérologie.
Gestion et traitement
Les antimoniés pentavalents ont longtemps été les médicaments de premier choix pour la leishmaniose, et le restent dans de nombreux pays tropicaux endémiques, en partie à cause de la production de médicaments génériques. Dans certaines régions, principalement là où la résistance s’est développée, la miltefosine, la paramycine et l’amphotéricine B liposomale remplacent progressivement les antimoniés.
L’objectif est de développer une thérapie combinée pour prévenir l’émergence de la résistance aux nouveaux médicaments.
Domaines clés d’incertitude
L’importance des modes de transmission alternatifs comme le partage de seringues ou la transmission de la mère à l’enfant doit être étudiée plus en détail, notamment pour évaluer l’émergence potentielle de la leishmaniose en Europe du Nord. La disponibilité d’un vaccin efficace contre la leishmaniose humaine permettrait une stratégie d’immunisation des populations rurales méditerranéennes. Enfin, une meilleure modélisation prédictive de la transmission de la maladie est nécessaire.
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