Le grand italien Giuseppe Verdi avait son acte de naissance écrit en français ! Il est né le 10 octobre 1813 àLe Roncole une petite ville près de Busseto qui était à l’époque sous la domination napoléonienne. Ses parents n’étaient pas riches, son père Carlo Verdi tenait un magasin, et Le Roncole n’était guère un centre culturel, de sorte que Verdi s’est d’abord intéressé à la musique en fréquentant l’église locale. Carlo (qui, il faut le noter, était loin d’être aussi pauvre que Verdiliked à suggérer plus tard dans sa vie) a gentiment acheté à son fils un vieux Spinet (un petit type de clavecin) et c’était le début de Verdi et de la musique.

Lieu de naissance de Verdi's Birthplace
La taverne du Roncole où est né Verdi © Renaud Camus

Il apprend rapidement à jouer sous la direction de l’organiste du village Pietro Baistrocchi et lorsque ce dernier quitte le village,Verdi lui a succédé à l’âge avancé de 12 ans. Le Roncole étant encore un peu limité sur le plan culturel, les parents de Verdi l’envoient rapidement vivre à Busseto, une ville voisine, où l’éducation musicale de Verdi peut continuer à s’épanouir. Il tombe sous l’aile de Ferdinando Provesi, le directeur de l’école de musique de Busseto, qui inspireVerdi en l’emmenant aux répétitions de l’orchestre local.

Alors qu’il grandit vers l’âge adulte, Verdi est encouragé à poursuivre ses études à Milan. En 1832, il s’y rend mais, premier échec majeur, ne parvient pas à être admis au Conservatoire royal impérial (en grande partie à cause de son âge, le maximum étant de 14 ans et lui de près de 19 ans). Il étudie en privé avec Vincenzo Lavigna à la place, un claveciniste ayant des liens avec la Scala, qui fournit à Verdi un riche accès à la musique d’opéra.

Margherita Barezzi

Margherita Barezzi

À partir de ce moment, la vie de Verdi entrera dans le domaine du succès extrême et de la tragédie qui ferait elle-même une intrigue d’opéra parfaitement décente. Verdi revient à Busseto en 1835, remplaçant son ancien maître Provesi qui vient de mourir. Il épouse la fille de l’un de ses précédents bienfaiteurs, Margherita Barezzi, et ils ont bientôt leur premier enfant, Virginia. Verdi travaille à son premier opéra, Oberto, mais la vie prend rapidement un tournant considérable. Virginia meurt en 1838, son nouveau fils Icilio meurt en 1939 et bien qu’Oberto soit un succès à la Scala en novembre 1939 (un exploit remarquable pour un compositeur débutant), Verdi tombera malade en 1840 et perdra Margherita dès le mois de juin de la même année (Elle n’avait que 26 ans emportée par une encéphalite).

Il tourne son deuxième opéra en 1840, un opéra comique, qui fait un tel flop qu’il ne s’attaquera à une autre comédie que vers la fin de sa vie. Verdi, anéanti, n’a plus la volonté de travailler et pendant deux ans, il ne fait pas grand-chose, assistant à quelques reprises d’Oberto, ce qui est à peu près tout. Bartolomeo Merelli, l’impresario deLa Scala qui avait défendu le travail de Verdi, ne prenait cependant pas un non pour une réponse, et poussa Verdi à écrire ce qui allait devenir le grand Nabucco.

Je suis rentré chez moi avec Nabucco dans ma poche. Un jour, une ligne ; un jour, une autre ; maintenant une note, puis une phrase… petit à petit, l’opéra était composé.

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Va Pensiero, le chœur des esclaves hébreux, extrait de Nabucco

C’est un succès colossal à sa création en 1842 et c’est le début d’une période absurdement productive pour Verdi, que l’on appelle aujourd’hui ses « années galère ». Au cours de la décennie suivante, il écrira quelque 16 opéras, suivant en grande partie le modèle italien d’opéra établi par Donizetti et Rossini avant lui. Il commence cependant à innover, tant dans la structure narrative : Macbeth par exemple manque d’une grande histoire d’amour, et dans ses formes musicales : il introduit des éléments de l’opéra français.

Giuseppina Strepponi dans Nabucco

Giuseppina Strepponi

Cette période est également meilleure pour Verdi personnellement. Bien que son énorme charge de travail ait entraîné une santé invariable, son succès lui ouvrit les portes de la société milanaise et il se lia avec la sopranoGiuseppina Strepponi, qui devint sa compagne de toujours (sinon pour un temps sa femme…). En 1847, il entreprend enfin d’importants voyages à l’étranger, se rendant à Londres puis à Paris où il vit avec Strepponi pendant deux ans. Leur retour à Busseto en 1849 provoque un certain scandale car Strepponi et lui ne sont pas mariés (et elle a plusieurs enfants illégitimes dont un deMerelli !).

Verdi a été aidé financièrement par l’éditeur Giovanni Ricordi, qui l’a défendu dès le début(en achetant les droits d’Oberto pour la somme importante de 1 600 lires), puis a maintenu un contrat quasi exclusif avec Verdi pour le reste de sa vie (Giovanni mourra en 1853, son fils puis son petit-fils reprenant l’entreprise).

Les années de galère de Verdi s’achèvent avec trois chefs-d’œuvre qui se succèdent rapidement : Rigoletto, IlTrovatore et La Traviata (première en mars 1853). Abordant des sujets riches et stimulants, les publics sont d’abord décontenancés (la première nuit de La Traviata reste l’un des plus grands désastres de l’histoire de l’opéra, comme vous pouvez le voir dans la brève lettre de Verdi ci-dessous), mais ces œuvres deviennent rapidement des succès populaires dans le monde entier. À partir de ce moment, la production de Verdi va considérablement ralentir.

Lettre de Verdi après la Traviata
Peut-être la lettre la plus célèbre de Verdi. Envoyée le lendemain de la désastreuse première de LaTraviata.

Au cours des 18 années suivantes, Verdi produira 6 opéras tout en retravaillant certaines de ses œuvres antérieures. Il part à Paris pendant deux ans pour achever Les vêpres siciliennes, une œuvre épique dans le style du grand opéra français, et il y retourne en 1866 pour une autre année afin de travailler sur Don Carlos. Autrement, il n’a pas voyagé hors d’Italie de manière significative et, parallèlement à la révision de quelques œuvres, il a trempé ses orteils dans les eaux politiques avec un passage plutôt infructueux dans le nouveau parlement italien.

La scène épique de l’auto-da-fé de Don Carlo. Entendue ici dans la version italienne ultérieure (d’où Carlo plutôt que Carlos), c’est Verdi qui s’attaque à un format français d’une manière essentiellement italienne.

Bien que sa production ait diminué en quantité, la qualité n’a jamais été aussi élevée. Ses opéras sont devenus plus longs, plus grands et plus variés. Bien qu’il soit resté fidèle aux mélodrames romantiques, son champ d’action s’est élargi avec davantage de personnages et d’intrigues secondaires, parallèlement aux triangles amoureux traditionnels. La comédie se mêle à la romance et à la tragédie, Un Ballo in maschera est un exemple fort de cet idéal plus varié. Contrairement à certains de ses jeunes contemporains cependant, il n’a pas abandonné beaucoup de formalités de l’opéra en restant relativement attaché aux formarias et aux pièces de théâtre.

Ce conservatisme devait jouer contre Verdi car, au fil des années, il est devenu de plus en plus clair que les nouvelles œuvres de Verdi n’étaient pas les succès populaires de ses débuts. Bien que nous les considérions aujourd’hui comme tout à fait égales à ses œuvres antérieures, à l’époque, aucune de ces œuvres post-Traviata ne s’est imposée dans le répertoire italien en développement. L’influence de Wagner s’infiltrait de l’autre côté de la frontière et l’Italie devenait de plus en plus cosmopolite dans ses goûts.

Verdi ne fit pas grand-chose pour combattre cette marée et se retira effectivement dans son domaine de Sant’Agata, un endroit qu’il avait cultivé au cours des dernières décennies. Bien qu’il soit resté une figure populaire et qu’il ait supervisé une série de productions de ses œuvres, il n’y a pas eu de nouveaux opéras pendant 16 ans. Il produisit bien son Requiem, résolument opératique, mais pour le reste, ce furent des années au cours desquelles il passa plus de temps à acquérir des terres qu’à composer.

Villa Verdi à Sant'Agata'Agata
Villa Verdi à Sant’Agata © Alessandro

En 1879, Ricordi commence à encourager Verdi vers l’Othello de Shakespeare, une œuvre que Verdi admirait depuis longtemps. Il lui suggère Arrigo Boito comme librettiste (un choix judicieux mais parfois délicat, Boito étant l’un des révolutionnaires qui avaient poussé Verdi à se retirer), et avec un projet de livret en place, Verdi se met à écrire. La première d’Otello a lieu en février 1887 à la Scala et suscite l’enthousiasme de toute l’Europe. Boitow allait bientôt lancer Verdi sur Falstaff, une comédie basée sur « Les Joyeuses Femmes de Windsor », qui, après une longue gestation, prit d’assaut la scène de la Scala en 1893.

La fabuleuse scène finale de l’ultime opéra de Verdi, Falstaff

Ces dernières œuvres démontrent un génie qui s’est développé au cours de ses plus de 50 ans de composition. Verdic créait une musique qui coulait à travers les Actes, un sens de la continuité plus similaire à la marée montante de Wagneret Puccini, bien que ponctuée de moments lyriques (qui sont du Verdi old school de part en part).

Verdi composera peu après Falstaff. Désormais énormément riche, il consacre des efforts considérables à des projets philanthropiques, notamment en fondant la Casa di Riposo per Musicisti, une maison de retraite pour musiciensqui existe encore aujourd’hui. Strepponi mourra en novembre 1897, et Verdi sera victime d’une attaque cérébrale et mourra peu de temps après, le 27 janvier 1901.

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