Aujourd’hui, le 18 mars marque le 704e anniversaire de la mort de Jacques de Molay, le dernier Grand Maître des Pauvres Soldats du Christ, les Templiers. (Certains récits parlent du 11 mars. Même les deux plaques commémoratives sur le lieu de l’exécution à Paris ont des dates contradictoires.)
Il est né dans le village de Molay, dans l’est de la France, en 1244 ou 45. On ne sait presque rien de ses débuts, mais il a rejoint les Templiers à l’âge de 21 ans, et a servi 42 ans comme moine guerrier.
En 1291, la Terre sainte est retombée aux mains des infidèles, et ne reviendra jamais complètement à la domination chrétienne. Les Templiers et les Chevaliers Hospitaliers se replient sur la ville côtière d’Acre, qui est rapidement perdue. Les deux ordres se sont ensuite rendus sur l’île de Chypre. Les Templiers y sont restés, tandis que les Hospitaliers ont ensuite pris l’île de Rhodes. Cette île fut également perdue et les Hospitaliers finirent par s’installer à Malte, où ils furent connus sous le nom de Chevaliers de Malte. Malgré les ordres maçonniques modernes qui unissent ces deux ordres de chevaliers, ils étaient des rivaux acharnés pour la richesse et la faveur de l’Europe et de l’Église.
Jacques de Molay est élu Grand Maître en 1293 à l’âge de 47 ans. Il part aussitôt en Angleterre, en France, en Aragon et en Italie pour susciter le soutien à une nouvelle croisade en Terre sainte, mais aussi pour repousser un appel croissant à la fusion des deux ordres de moines guerriers. Sur le plan politique, les Templiers sont considérés comme les hommes qui ont perdu la Terre Sainte, et les monarchies commencent à se méfier d’eux. La France, en particulier, se sentait envahie par des chevaliers vieillissants qui revenaient au pays et qui étaient encore libres de toute forme d’imposition ou même de lois civiles, en vertu des bulles papales qui plaçaient l’ordre au-dessus de tout le monde sauf du pape.
Le roi Philippe IV de France et son homme de main Guillaume de Nogaret avaient été en grave conflit avec le pape alors en exercice, Boniface VIII. Le pape avait déclaré que le roi de France n’avait pas le droit de taxer les biens de l’Église, et le roi avait, évidemment, été en désaccord. De Nogaret avait kidnappé un important évêque français, et le pape s’en était pris à lui. Il a publié une bulle papale proclamant que les rois devaient être subordonnés à l’Église et que les papes détenaient l’autorité suprême sur les questions spirituelles et temporelles sur Terre. Pour s’assurer qu’ils comprennent le message, Boniface excommunie Philippe et de Nogaret. Philippe répond à son défi en envoyant de Nogaret, brutal, sournois et de mauvaise humeur, à la tête d’une armée pour rencontrer des alliés italiens et capturer le pape. Boniface est effectivement enlevé et retenu pendant trois jours. Après avoir été littéralement battu à plate couture, il est libéré et meurt un mois plus tard. Le roi de France avait prouvé qui était subordonné à qui, et il ne se souciait pas d’avoir un peu de sang papal sur les mains. Le successeur du pape Boniface, le pape Benoît XI, ne resta qu’un an en fonction, empoisonné, disait-on, par de Nogaret.

Mais il y avait eu des difficultés diplomatiques à souffrir pour avoir tué deux papes. Par conséquent, le roi Philippe a décidé qu’il serait plus facile de s’en acheter un. Il commence à se procurer des cardinaux, tirant des ficelles dans les coulisses jusqu’à ce que le nombre de cardinaux français dans le collège des cardinaux du Vatican soit égal à celui des cardinaux italiens. Ils ont alors obligeamment élu le candidat qu’il avait trié sur le volet, Bertrand de Goth, faisant de lui le pape Clément V. La ville de Rome était en émoi, et la sécurité du Vatican était remise en question. Il ne faut donc pas grand-chose pour convaincre le nouveau pape français que sa vie serait en grand danger s’il vivait là-bas. Clément s’exécute en restant en France et en organisant sa cérémonie d’investiture à Lyon. Il reste en France et finit par transférer le Saint-Siège dans la ville d’Avignon (qui appartenait en fait au roi de Sicile à l’époque) en 1309, juste à la porte de Philippe, où il fait construire un nouveau palais papal. Les catholiques y font souvent référence comme à la « captivité babylonienne ». De nos jours, on l’appelle généralement la papauté d’Avignon ou le Grand Schisme.
Clément avait tout ce que Phillip voulait chez un pape : il était chétif, faible, nouveau dans le poste, et devait tout à son roi français. C’était maintenant le temps pour le mouvement le plus audacieux du règne de Phillip – l’arrestation des Templiers.
Jacques de Molay a quitté Chypre pour se diriger directement vers une réunion avec le nouveau pape, et il avait de grands espoirs de succès, d’autant plus qu’ils étaient des compatriotes. Il ne pouvait pas à ce moment-là connaître les forces obscures qui se rassemblaient contre lui en coulisses. En juin 1307, de Molay arrive à Paris à la tête d’une colonne de ses chevaliers, avec une douzaine de chevaux chargés d’or et d’argent, pour commencer à financer la nouvelle croisade. Pendant les mois qui suivent, Philippe traite le Grand Maître vieillissant avec intérêt et diplomatie, et de Molay croit que lui et l’Ordre sont à un nouveau tournant.
Les circonstances des arrestations du 13 octobre 1307 et les sept années suivantes de torture et de procès des Templiers sont bien connues de la plupart d’entre nous, mais c’est le dernier Grand Maître qui nous intéresse le plus aujourd’hui. En 1314, le pape et l’opinion publique avaient complètement abandonné les Templiers. Les quatre officiers supérieurs des Templiers sous la garde de Philippe attendaient en prison depuis sept sinistres années. Ils sont tous âgés, le plus jeune étant Geoffroi de Charney, qui a presque 60 ans. Jacques de Molay, âgé de 70 ans, avait passé quatre ans en isolement.

Le 18 mars 1314, les quatre hommes sont enfin conduits sur une estrade devant la cathédrale Notre-Dame de Paris pour entendre les accusations et faire leurs confessions publiques. Les charges ont été lues, et deux des hommes ont accepté leur sort d’emprisonnement perpétuel. Ils ont été emmenés.
Mais Jacques de Molay et son ami de confiance Geoffroi de Charney n’ont pas suivi. Affaibli par l’âge et l’emprisonnement, de Molay cria d’une voix qui fit sursauter l’assemblée que lui et les Templiers étaient innocents de toutes les accusations. Ils furent immédiatement renvoyés dans leurs cellules, tandis que Philippe réunissait son conseil et prononçait rapidement la sentence, en utilisant la logique démente de l’Inquisition ; s’ils avaient rétracté leurs confessions, alors ils étaient considérés comme des  » hérétiques rechutés « , et la peine était le bûcher.
Tard dans l’après-midi, de Molay et de Charney furent conduits au lieu de l’exécution, qui était une minuscule île isolée dans la Seine, adjacente à l’île de la Citè, appelée l’île aux Juifs, l' » île des Juifs « . Les condamnés pouvaient voir la cathédrale Notre-Dame à l’est, mais le site n’a pas été choisi pour leur vue. Il a plutôt été choisi pour que le roi Philippe puisse profiter du divertissement sans quitter son palais situé juste de l’autre côté de la rivière.

Chaque homme a été déshabillé jusqu’à sa chemise et attaché au bûcher. Jacques de Molay, avec un courage inouï, demanda non seulement qu’on le tourne face à la cathédrale, mais qu’on lui libère les mains, afin qu’il puisse mourir en priant. Sa demande est acceptée. Les deux hommes furent alors rôtis vivants selon la méthode de l’Inquisition qui commençait lentement avec des charbons ardents, afin de prolonger leur agonie le plus longtemps possible.

Lors de la construction du Pont Neuf, l’Île aux Juifs fut rattachée au reste de l’Île de la Cité, et aujourd’hui il n’y a pas une, mais deux plaques près du pont pour commémorer cet événement. Selon la légende, Jacques de Molay n’est pas allé vers son Dieu en silence. Il mourut en criant son innocence et celle des Templiers, appelant le roi Philippe et le pape Clément à le rencontrer tous deux devant le trône de Dieu dans un an, où ils seraient tous jugés ensemble. Les deux hommes, relativement jeunes, seront en effet morts dans l’année. Un mois après la mort de Molay, le pape Clément V, âgé de 54 ans, meurt, dit-on, d’un cancer. Philippe le Bel, âgé de 46 ans, mourra dans un accident de chasse probablement provoqué par une attaque cérébrale. Il mourut le 29 novembre.
Un ordre non maçonnique de Templiers modernes prétend que deMolay se désigna secrètement un successeur et que l’ordre survécut aux siècles. Les Templiers maçonniques ne font pas une telle affirmation, mais l’Ordre souverain militaire du Temple de Jérusalem raconte que les os du crâne et des jambes de DeMolay ont été tirés des cendres et enterrés secrètement avec le document de succession, appelé la Charte de Larmenius.
D’autres prétendent que pendant la Révolution française, alors que la tête du roi Louis XVI était tranchée par la guillotine, quelqu’un s’est précipité de la foule et a proclamé : « Jacques De Molay, tu es vengé ! »
La mort macabre de Jacques de Molay est le dernier acte de l’histoire des Templiers. Du moins, le dernier acte de l’histoire acceptée et érudite des Templiers médiévaux qui est racontée en noms et en dates entre les couvertures des livres d’histoire. Mais en réalité, sa mort n’est que le début. C’est le début du mythe des Templiers, qui est le maelström autour duquel un flux sans fin de faits mélangés à des spéculations tourbillonne, sans relâche.
En 2001, un document a été trouvé dans les archives du Vatican, appelé le parchemin de Chinon, et a ensuite été rendu public. Le folio avait été mal classé et avait été perdu pour les érudits pendant des siècles. Il révélait qu’une équipe privée d’enquêteurs papaux avait examiné les accusations portées contre les Templiers et que, le 20 août 1308, le pape Clément V avait secrètement absous l’ordre de toutes les accusations d’hérésie. Clément avait l’intention de sauver DeMolay et les Templiers de la mort aux mains du roi de France. Mais en représailles, Philippe menaça le faible pape d’une action militaire s’il ne dissolvait pas l’Ordre, ce qui fut fait au Conseil de Vienne en 1312.
(Adapté de The Templar Code For Dummies)

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *