La polypose adénomateuse associée à MUTYH (MAP) est un syndrome de prédisposition au cancer causé par la présence de deux mutations du gène MUTYH. Les porteurs d’une seule mutation du gène MUTYH ont une présentation clinique plus légère.

Caractéristiques cliniques

Les individus atteints de MAP développent généralement des dizaines (parfois des centaines) de polypes adénomateux du côlon, bien que la présentation puisse varier d’une absence de polypes à plus de mille polypes. Sans surveillance, les patients atteints de MAP ont un risque de près de 100 % de développer un cancer du côlon. Outre les polypes du côlon, les personnes atteintes de MAP peuvent également développer des adénomes gastriques et duodénaux et des polypes non adénomateux, tels que des polypes dentelés et hyperplasiques. La PAM n’est pas associée à des résultats uniques à l’examen du médecin.

Risques de cancer associés à la PAM

Les personnes atteintes de la PAM ont un risque de près de 100 % de développer un cancer colorectal avant l’âge de 65 ans, un risque de 5 % de développer un cancer duodénal et un risque modestement accru de tumeurs malignes à apparition tardive de l’ovaire, de la vessie et de la peau.

Caractéristiques tumorales

L’une des caractéristiques moléculaires des cancers causés par le MAP est la présence d’une variante somatique spécifique de KRAS (c.34.G>T dans le codon 12) qui se retrouve dans 64% des cancers colorectaux MAP.

Prévalence du MAP

Environ 0,7% de tous les cancers colorectaux sont dus au MAP. On estime qu’un individu sur 20 000 à 40 000, d’ascendance nord-européenne, est atteint de MAP (porteur de deux mutations du gène MUTYH). On estime que 1 à 2 % de cette population est porteuse d’une mutation du gène MUTYH. La MAP peut être moins fréquente dans d’autres populations ethniques spécifiques.

Diagnostic

Un diagnostic est établi chez les personnes présentant des caractéristiques cliniques qui ont deux mutations identifiées dans le gène MUTYH.

Les tests génétiques sont recommandés pour les individus présentant ≥ 20 polypes, et peuvent être envisagés chez les individus présentant 10 à 20 polypes avec d’autres caractéristiques personnelles et/ou familiales.

Génétique & Hérédité

La MAP est une affection autosomique récessive causée par des mutations dans les deux copies des gènes MUTYH d’un individu. Les frères et sœurs d’un individu atteint de PAM ont 25 % de chances d’être également atteints de PAM (ils héritent de deux mutations) et 50 % de chances d’être porteurs (ils héritent d’une mutation). Les autres parents au premier degré (parents, enfants) ont 50 % de chances d’être porteurs. Les hommes et les femmes ont les mêmes chances d’hériter, et de transmettre, une mutation.

Tests cliniques

Les tests cliniques comprennent le séquençage des gènes et l’analyse des délétions/duplications. Le séquençage permet de détecter 99 % des personnes atteintes de la MAP.

Le test peut porter sur les mutations du gène MUTYH seul ou dans le cadre d’un panel multigénique comprenant des gènes prédisposant à d’autres syndromes de polypose.

Gestion

Les recommandations de dépistage varient selon qu’une personne est atteinte ou non d’un cancer, qu’elle présente deux mutations (MAP) ou une mutation (porteuse), qu’elle a des antécédents familiaux de cancer colorectal et qu’elle a une charge de polypes. Se référer aux lignes directrices du NCCN pour des recommandations spécifiques.

Pour les personnes atteintes de MAP, une surveillance colorectale et gastro-intestinale accrue (coloscopie et endoscopie supérieure) est recommandée. Une colectomie avec anastomose iléo-rectale (IRA) ou une proctocolectomie peut être envisagée en fonction de la charge en polypes.

Gestion des porteurs du gène MUTYH

Les directives actuelles recommandent un dépistage accru par coloscopie pour les porteurs du gène MUTYH. Dans une grande étude de population, les porteurs présentaient un risque modérément accru de cancer colorectal par rapport à la population générale (2,5 fois plus élevé, notamment en cas d’antécédents familiaux de CCR). D’autres études n’ont pas montré cette augmentation du risque de manière cohérente ; des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour éclairer la gestion clinique.

Autres gènes contribuant à la polypose

Il existe d’autres syndromes cancéreux héréditaires qui augmentent le risque de polypes et de cancer colorectal, notamment la polypose adénomateuse familiale (FAP), la polypose adénomateuse familiale atténuée (AFAP), le syndrome de polypose juvénile, le syndrome de Peutz-Jeghers et le syndrome de Cowden. La présentation de ces syndromes dans une famille peut se chevaucher avec celle du PAM, mais peut parfois être distinguée sur la base de traits caractéristiques, tels que les résultats de l’examen physique et la pathologie des polypes. En outre, on pense qu’un certain nombre de variantes de susceptibilité génétique communes augmentent le risque de polypes et de cancer colorectal, ce qui indique qu’il existe probablement d’autres gènes qui contribuent au développement des polypes et qui n’ont pas encore été identifiés. Voir GeneReviews pour plus d’informations sur le diagnostic différentiel génétique de la MAP.

Sélectionner les directives & Ressources

Ressources

Société américaine d’oncologie clinique (2018) : Polypose associée à MUTYH.

GeneReviews (2019) : Polypose associée à MUTYH.

Institut national du cancer (2019) : Génétique du cancer colorectal PDQ – Principaux syndromes génétiques.

Lignes directrices

Collège américain de gastroentérologie (2015) : Directive clinique sur les tests génétiques et la gestion des syndromes héréditaires du cancer gastro-intestinal.

Collège américain de génétique médicale & National Society of Genetic Counselors (2014) : Indications de référence pour l’évaluation des prédispositions au cancer.

National Comprehensive Cancer Network (v.3.2019) : Évaluation génétique/familiale à haut risque : Colorectal (Inscription gratuite requise pour l’accès).

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