En réponse aux hypothèses selon lesquelles les suspects de l’attentat de Boston étaient d’origine arabe ou moyen-orientale (et à l’utilisation de nombreux termes grossiers pour désigner les personnes originaires de cette région du monde), le brillant compte Twitter @YesYoureRacist a fait remarquer que les suspects étaient la définition classique des Blancs :
ATTENTION, RACISTES : Les suspects de l’attentat de Boston sont originaires de la région actuelle du Caucase, ce qui signifie qu’ils *ne pourraient littéralement pas être plus caucasiens*
– Yes, You’re Racist (@YesYoureRacist) April 19, 2013
Donc ces types, originaires du Caucase, sont caucasiens. Moi, avec mon héritage mixte slave et balte, je suis aussi caucasien. Tout comme mes amis dont les familles viennent d’Italie, d’Irlande, d’Allemagne et d’à peu près partout ailleurs en Europe. Comment tous ces différents groupes ethniques blancs ont-ils été regroupés dans le terme « caucasien ? »
Cela remonte à l’anthropologue allemand Friedrich Blumenbach. Dans ses travaux de la fin des années 1700 et du début des années 1800, Blumenbach a divisé l’Homo sapiens en cinq races distinctes en fonction de leurs caractéristiques physiques. Il y avait la race mongole, ou « jaune », la race rouge américaine, la race brune malaise, la race noire éthiopienne et la race blanche caucasienne.
Bien qu’il ait examiné de nombreux traits physiques pour découper ses catégories, Blumenbach pensait que les caractéristiques du crâne – la taille et l’angle du front, la mâchoire, les dents, les orbites, etc – étaient particulièrement importantes. Il pensait que les crânes des Géorgiens étaient exemplaires des caractéristiques de sa race blanche et a nommé le groupe d’après la chaîne de montagnes du Caucase qui longe la frontière nord de la Géorgie.
Tout cela fait passer Blumenbach pour un précurseur de la phrénologie, et des tentatives « scientifiques » de justifier la discrimination, mais s’il a catégorisé les races, Blumenbach ne les a pas placées dans une hiérarchie et a protesté contre toute tentative de détourner ses groupements pour diviser les gens ou dépeindre un groupe comme inférieur à un autre. « Blumenbach a écrit avec force sur la gentillesse des races humaines… il s’est opposé à l’accent mis sur les hiérarchies raciales par des collègues plus conservateurs de sa propre université et d’ailleurs en Europe », écrit l’historienne Nell Irvin Painter. « Tout au long de son œuvre, et en particulier dans l’édition définitive de 1795 de De generis humani varietate nativa (Sur la variété naturelle de l’humanité), Blumenbach a rejeté la hiérarchie raciale et mis l’accent sur l’unité de l’humanité. »
Les Caucasiens de Blumenbach n’étaient même pas strictement blancs ou européens, comme le terme est couramment utilisé aujourd’hui. Il décrivait cette « variété » comme « Couleur blanche, joues rosées ; cheveux bruns ou châtains ; tête subglobulaire ; visage ovale, droit, ses parties modérément définies, front lisse, nez étroit, légèrement crochu, bouche petite…A cette première variété appartiennent les habitants de l’Europe (sauf les Lapons et les descendants restants des Finlandais) et ceux de l’Asie orientale, jusqu’à la rivière Obi, la mer Caspienne et le Gange ; et enfin, ceux de l’Afrique du Nord. »
La synonymie de caucasien et de blanc, et l’utilisation des lignes raciales comme outils discriminatoires, sont venues plus tard et d’autres hommes. Painter cite spécifiquement » l’anatomiste hollandais, Petrus Camper, dont les « angles faciaux » s’avèrent si utiles à la soi-disant « grande chaîne de l’être » des racistes scientifiques « , et ses » élaborateurs racistes (comme Edward Tyson, Josiah Nott, G. R. Gliddon, et même Johann Caspar Lavater) ont placé les Nègres et les Kalmucks aussi près des singes que des Européens. »
Aujourd’hui, « caucasien » est dépourvu de toute signification scientifique réelle (bien que son cousin « caucasoïde » soit encore utilisé dans certaines disciplines), mais s’accroche dans l’usage courant comme un terme générique pour désigner les Blancs/Européens.