Ce rapport du London Times de fin janvier 1793 décrit l’exécution de Louis XVI :

« Par un express arrivé hier matin… nous apprenons les détails suivants de l’exécution du roi.

Le lundi matin, à six heures, le roi est allé prendre congé de la reine et de la famille royale. Après être resté quelque temps avec eux, et leur avoir fait des adieux très affectueux, le Roi descendit de la tour du Temple, et monta dans la voiture du Maire, avec son confesseur et deux Membres de la Municipalité, et passa lentement sur les Boulevards qui conduisaient du Temple au lieu de l’exécution. Il était interdit à toutes les femmes de paraître dans les rues, et à toutes les personnes d’être vues à leurs fenêtres. Une forte garde faisait le tour du cortège.

La plus grande tranquillité régnait dans toutes les rues par lesquelles le cortège passait. Vers neuf heures et demie, le roi arriva au lieu de l’exécution, qui était sur la place de Louis XV, entre le piédestal qui supportait autrefois la statue de son grand-père, et la promenade des Champs-Élysées.

Louis monta sur l’échafaud avec sang-froid, et cette modeste intrépidité propre à l’innocence opprimée, les trompettes sonnant et les tambours battant pendant tout le temps. Il faisait signe de vouloir haranguer la multitude, lorsque les tambours cessèrent, et Louis prononça ces quelques mots : « Je meurs innocent ; je pardonne à mes ennemis ; je n’ai sanctionné que par contrainte la Constitution civile du clergé. » Il procédait, mais les battements des tambours noyaient sa voix.

Ses bourreaux se saisirent alors de lui, et un instant après, sa tête fut séparée de son corps ; c’était vers dix heures un quart.

Après l’exécution, le peuple jeta ses chapeaux en l’air, et cria Vive la Nation ! Quelques-uns d’entre eux s’efforcèrent de s’emparer du corps, mais il fut transporté par une forte garde au Temple, et la dépouille du Roi fut exempte de ces outrages que Sa Majesté avait subis pendant sa vie. Le Roi fut accompagné sur l’échafaud par un prêtre irlandais qui lui servit de confesseur, n’ayant pas choisi d’être accompagné par quelqu’un qui avait prêté le serment national. Il était vêtu d’un grand manteau brun, d’un gilet blanc et d’une culotte noire, et ses cheveux étaient poudrés.

Lorsque Monsieur de Malsherbes annonça à Louis la fatale sentence de mort, « Ah ! » s’exclama le Monarque, « je vais donc enfin être délivré de ce cruel suspens. » Le décret fut importé pour que LOUIS soit décapité sur la place de Carousel, mais des raisons de sécurité publique incitèrent le Conseil exécutif à préférer la place de la Révolution, anciennement place de Louis XV.

Depuis que le décret de mort a été rendu, une consternation générale règne dans tout Paris… Les sans-culottes sont les seules personnes qui se réjouissent. Les honnêtes citoyens, immobiles dans leurs habitations, n’ont pu réprimer leur douleur sincère et ont pleuré en privé avec leurs familles le meurtre de leur souverain tant aimé.

Les dernières demandes du malheureux Louis respirent l’âme de la magnanimité, et un esprit éclairé des plus belles idées de la vertu humaine. Il ne paraît pas être cet homme que ses ennemis ont signalé. Son cœur était sain, sa tête était claire, et il aurait régné avec gloire s’il n’avait eu les défauts que ses assassins lui imputaient. Son esprit possédait les suggestions de la sagesse ; et même dans ses derniers moments, quand l’esprit de la vie s’envolait pour un autre monde, ses lèvres les exprimaient, et il parlait avec fermeté et avec résignation. Ainsi s’est terminée la vie de Louis XVI. »

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