Le pape n’est pas d’accord

Les arguments contre la théologie de la libération

Le défunt pape Jean-Paul II a été fréquemment critiqué pour la sévérité avec laquelle il a traité le mouvement de libération.

Son principal objet était de mettre fin à la forme hautement politisée de la théologie de la libération prévalant dans les années 1980, qui pouvait être considérée comme une fusion du christianisme et du marxisme. Il a été particulièrement critiqué pour la fermeté avec laquelle il a fermé les institutions qui enseignaient la théologie de la libération et avec laquelle il a écarté ou réprimandé les militants du mouvement, tels que Leonardo Boff et Gustavo Gutierrez.

Il pensait que transformer l’église en une institution politique séculière et voir le salut uniquement comme la réalisation de la justice sociale, c’était priver la foi en Jésus de son pouvoir de transformer chaque vie. L’image de Jésus comme révolutionnaire politique était incompatible avec la Bible et les enseignements de l’Église.

Il ne voulait pas dire que l’Église n’allait pas être la voix des opprimés, n’allait pas défendre les pauvres. Mais elle ne devait pas le faire par la politique partisane, ou par la violence révolutionnaire. L’affaire de l’Église était d’amener le Royaume de Dieu, pas de créer une utopie marxiste.

Plus d’exploitation des faibles, de discrimination raciale ou de ghettos de pauvreté ! Plus jamais ! Des maux intolérables qui crient vers le ciel et appellent les chrétiens à une autre façon de vivre, à un engagement social plus conforme à leur foi.

Le pape Jean-Paul II à la basilique Notre-Dame de Guadalupe, Mexique, 1999

Le Nicaragua était un point chaud particulier. Des prêtres avaient participé activement au renversement d’un dictateur, et avaient pris des emplois dans le gouvernement révolutionnaire qui avait suivi, malgré l’interdiction du pape.

Ce que l’Église devrait faire

En 1984 et 1986, l’Église a publié des documents majeurs sur le thème de la Libération. Ils reprenaient le point de vue de Jean-Paul II selon lequel l’Église devait travailler à la libération des pauvres, mais le faire d’une manière appropriée pour une Église, inspirée non pas par une vision politique d’un monde parfait, mais en aidant chaque être humain à trouver sa liberté par la rédemption du péché – le travail de l’Église était d’amener les gens à un contact personnel avec Dieu.

Le pape l’a affirmé clairement dans un sermon prononcé au Mexique en 1990 :

….Lorsque le monde commence à remarquer les échecs évidents de certaines idéologies et de certains systèmes, il semble d’autant plus incompréhensible que certains fils de l’Église dans ces terres – poussés parfois par le désir de trouver des solutions rapides – persistent à présenter comme viables certains modèles dont l’échec est patent dans d’autres endroits du monde.

Vous, en tant que prêtres, ne pouvez pas être impliqués dans des activités qui appartiennent aux fidèles laïcs, alors que par votre service à la communauté ecclésiale, vous êtes appelés à coopérer avec eux en les aidant à étudier les enseignements de l’Église….

…Veillez donc à ne pas accepter ni laisser s’instiller en vous une Vision de la vie humaine comme conflit ni des idéologies qui proposent la haine de classe et la violence ; cela inclut celles qui tentent de se cacher sous des écrits théologiques.

Pape Jean-Paul II, sermon ‘Option pour les pauvres’ au Mexique, 1990

Cela n’excluait pas l’action sociale – loin de là, mais l’action sociale devait être à l’image de l’évangile et l’évangile était ouvert à tous.

Jésus pose comme condition à notre participation à son salut de donner à manger à celui qui a faim, de donner à boire à celui qui a soif, de vêtir celui qui est nu, de consoler celui qui est dans la peine, car  » quand vous faites cela à l’un de mes plus petits frères ou sœurs, c’est à moi que vous le faites  » (Mt 25, 40).

Pape Jean-Paul II

Motivation papale

Certains disent qu’il y avait une motivation politique claire derrière les actions du défunt pape. Il était farouchement opposé à l’emprise communiste sur l’Europe de l’Est, et il ne pouvait donc absolument pas faire preuve de sympathie envers les prêtres d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale qui travaillaient avec les révolutionnaires communistes – un tel comportement incohérent aurait détruit sa crédibilité.

Ce point de vue est trop cynique. Jean-Paul II était, comme toujours, gouverné par sa foi et ses convictions. Il pensait sincèrement que les libérationnistes déformaient le christianisme, et il était déterminé à remettre l’Église d’Amérique du Sud sur les rails de la rédemption. Pour Jean-Paul II, l’acte essentiel de Dieu était d’entrer dans notre temps et notre humanité et de transformer &quot « notre histoire en histoire du salut ». C’est par le salut que les pauvres et les opprimés devaient être relevés.

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